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Nouvelles restrictions : fumeurs et vapoteurs dans le même panier ?



Les vapoteurs seront-ils les victimes collatérales des interdictions de fumer qui se répandent dans les espaces publics de nombreuses villes françaises ? A l’heure où les mairies multiplient les arrêtés pour bannir le tabac des espaces publics de plein air (parcs, squares, plages, terrasses,…), la question se pose concernant les usagers de cigarettes électroniques.

 

Les maires se mobilisent pour l’interdiction de la cigarette

C’est la dernière mode dans les mairies de France et de Navarre. Les arrêtés anti-tabac se sont multipliés ces derniers mois et devraient se généraliser à moyen-terme avec pour objectif de limiter au maximum la cigarette dans l’espace public.

C’est Strasbourg qui a été pionnière en ce domaine, puisque la mairie a décidé d’interdire la consommation de tabac dans l’ensemble des parcs et jardins gérés par la municipalité. Des centaines de villes, grandes, moyennes et petites, ont emboité le pas de la capitale du grand Est.

La ville de Paris, plus prudente, a lancé une phase d’expérimentation dans six squares et parcs de la capitale, avant de songer à une interdiction totale dans les années à venir. De nombreuses villes balnéaires ont banni le tabac des plages, de la Côte d’Azur (Nice) à la Bretagne (Saint-Malo). Partout dans l’hexagone, le mouvement est en marche.

Un mouvement salutaire qui pose tout de même des questions à certains professionnels de santé qui militent depuis de nombreuses années pour accompagner les fumeurs vers des modes de consommation alternatifs et moins nocifs à la cigarette. Comme par exemple la cigarette électronique… qui est pourtant concerné par les arrêtés municipaux d’interdiction.

 

Cigarette électronique et réduction des risques

La réduction des risques ? Ce concept de santé publique, né dans les années 1980 pour lutter contre la toxicomanie et les ravages de la transmission du VIH/SIDA, prône une approche pragmatique visant à limiter l’impact sur la santé des pratiques à risque plutôt que de lutter pour les éradiquer.

Une vision qui, en termes de lutte contre le tabagisme, est désormais plébiscitée par la majorité des professionnels de santé (même si des résistances demeurent), qui cherchent à mettre l’accent sur des campagnes de prévention et un soutien renforcé aux substituts nicotiniques (cigarette électronique, tabac à chauffer, gommes, patchs, pour les fumeurs).

Face à des interdictions de tabac qui ne font pas la distinction entre cigarette et vapoteuse, le docteur Jean-Yves a publié une tribune pour Slate dans laquelle il regrette le retard des autorités françaises (gouvernement et élus locaux) face à la question de la réduction des risques.

« Courage politique? On le cherche: le développement de la cigarette électronique –un outil dont tous les spécialistes de la lutte contre l’addiction tabagique vantent les vertus, a fait l’objet d’un incompréhensible déni de la part de (…) tous les responsables des institutions sanitaires », a-t-il tout d’abord regretté.

Puis de souligner que « dans ce contexte, les confusions ne cessent de croître entre ce qui devient interdit et ce qui demeure autorisé –voire qui devrait être encouragé. Fumées toxiques de tabac d’un côté et volutes libératrices de l’autre. À quel titre, de quel droit, les interdits frappant les fumeurs devraient-ils frapper les vapoteurs? Par quel méchant syllogisme politique pourrait-on assimiler les conséquences sanitaires publiques d’une affection de longue durée (le tabagisme) à des pratiques qui ont précisément pour objet d’en réduire les risques (le vapotage)– et ce sans aucun danger pour le voisinage immédiat? ».

Des réflexions qui démontrent le fossé immense qui sépare aujourd’hui les professionnels de santé des responsables politiques qui tranchent sans discernement et sans concertation. Au lieu d’interdire de vapoter dans les terrasses ne vaudrait-il pas mieux inciter les fumeurs de cigarettes à passer à la vapote ?


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Auteur : Mathilde


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